Le réalisateur américain Jonathan Demme, primé aux Oscars à sept reprises s’est éteint ce mercredi à New York à l’âge de 73 ans à la suite d’un cancer. Il aura marqué l’histoire du cinéma avec ses deux chefs-d’œuvre, Le Silence des agneaux et Philadelphia, sortis au début des années 90.
Si ces deux monuments du 7ème art ont considérablement marqué les esprits, ils sont loin d’être les seuls faits d’armes de la carrière de ce grand réalisateur qui a su faire preuve d’éclectisme dans les différents projets qu’il a dirigé.
Natif de Long Island, c’est dans les années 70 qu’il a commencé à se faire connaître du public. A l’instar d’autres grands réalisateurs de sa génération comme Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese, c’est sous la houlette du producteur Roger Corman qu’il a fait ses premiers pas dans le monde du cinéma, d’abord en tant que co-scénariste avec des films comme The Hot Box de Joe Viola.
C’est finalement en 1974 qu’il s’émancipe de son mentor en réalisant son premier long-métrage Cinq femmes à abattre avant de connaître le succès l’année suivante avec Crazy Mama, autre film à petit budget qui raconte l’histoire d’un gang composé de trois femmes de différentes générations. Il enchaînera ensuite avec pêle-mêle Colère froide (avec Peter Fonda), Melvin et Howard, Swing Shift ou encore Last Embrace.
En 1986, il connaît enfin la reconnaissance internationale avec le thriller Dangereuse sous tous rapports dans lequel Mélanie Griffith excelle face à Jeff Daniels. Il continue sur sa lancée deux ans plus tard avec Veuve, mais pas trop, une comédie sur fond de mafia avec Michelle Pfeiffer dans le rôle principal.
Avec Le Silence des agneaux, un thriller à l’atmosphère irrespirable qui évoque la collaboration entre un tueur cannibale machiavélique (Anthony Hopkins) et une policière à la recherche d’un tueur en série (Jodie Foster), il a atteint le panthéon du cinéma en étant reconnu comme un des plus grands réalisateurs de sa génération.
Cette adaptation du deuxième tome de la trilogie Hannibal Lecter de Thomas Harris a révolutionné le film de serial killer. Celui-ci remporta pas moins de cinq Oscars dont celui de Meilleur Film et de Meilleur Réalisateur.
Quant à Philadelphia, il est un des premiers films à avoir traité directement des ravages du sida au sein de la communauté homosexuelle. L’acteur américain Tom Hanks avait reçu le prix d’interprétation aux Oscars pour son rôle principal dans le film, et Bruce Springsteen celui de la meilleure chanson pour le mélancolique Streets of Philadelphia.
La suite est moins glorieuse pour Demme qui n’atteindra plus les sommets, ses films comme Beloved (1998) ou La vérité sur Charlie (2002) sont des échecs. Il connaît de nouveau un certain succès en 2004 avec le thriller politique Un crime dans la tête mais rien de comparable avec ses deux classiques.
Le réalisateur avait d’autres cordes à son arc puisqu’il est l’auteur de nombreux documentaires, que ce soit sur des thèmes politiques (Jean Dominique, The Agronomist en 2003, Jimmy Carter Man from Plains) ou musicaux (Stop Making Sense, Neil Young: Heart of Gold, Justin Timberlake: The Tennessee Kids).
Il s’est fait plus rare sur les plateaux ces dernières années avec seulement deux long métrages entre 2004 et aujourd’hui. Il met en scène Anne Hathaway en 2008 dans la comédie Rachel se marie puis en 2015 il réalise le film musical Ricki and The Flash, où Meryl Streep incarne une rockeuse ratée.
Les réactions ont rapidement afflué pour rendre hommage au réalisateur comme celle d’Anthony Hopkins :
« Je suis vraiment choqué et triste d’apprendre cette nouvelle. Il était l’un des meilleurs, vraiment quelqu’un de bien, avec un excellent état d’esprit. Chaque jour passé avec lui était excellent. »
Ou encore celle de Tom Hanks :
« Jonathan nous a appris à quel point une personne pouvait avoir un grand cœur, et la manière dont cela guide notre manière de vivre et ce que l’on fait pour cela. Il était le plus grand des hommes. »
L’épouse de Jonathan Demme et ses trois enfants, qui étaient à ses côtés lorsqu’il est décédé mercredi matin dans son appartement de Manhattan, ont demandé qu’à la place de fleurs, ceux qui le souhaitaient effectuent, en son hommage, des dons à l’association de défense des immigrés Americans for Immigrant Justice, située à Miami, en Floride, a indiqué la porte-parole.
Bruce Springsteen - Street of Philadelphia musique du film Philadelphia
I was bruised and battered, I couldn’t tell what I felt.
I was unrecognizable to myself.
Saw my reflection in a window and didn’t know my own face.
Oh brother are you gonna leave me wastin’ away
On the streets of Philadelphia.
I walked the avenue, ’til my legs felt like stone,
I heard the voices of friends, vanished and gone,
At night I could hear the blood in my veins,
It was just as black and whispering as the rain,
On the streets of Philadelphia.
Ain’t no angel gonna greet me.
It’s just you and I my friend.
And my clothes don’t fit me no more,
I walked a thousand miles
Just to slip this skin.
Night has fallen, I’m lyin’ awake,
I can feel myself fading away,
So receive me brother with your faithless kiss,
Or will we leave each other alone like this
On the streets of Philadelphia.
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