Il était une fois un passionné de cinéma: Thierry Frémaux
Si l’on pouvait attester de la passion d’une personne par son dévouement sans faille à la chose qu’il adore, nul doute que Thierry Frémaux ferait office de plus grand passionné de cinéma de France. Non content d’avoir su perpétuer la médiatisation affiliée à ce petit lopin de terre de la Côte d’Azur qu’est Cannes, qui est devenu sous sa direction la terre d’accueil et d’expression de tous les cinéma, Thierry Frémaux a en effet souhaité apposer sa marque sur la ville qui l’a vu éclore et qui l’a vu se passionner pour l’art sacralisant le mouvement : Lyon.

Un legs majeur, quasiment impossible à quantifier aujourd’hui compte tenu de son importance, qu’a pourtant choisi de sacrer Thierry Frémaux en créant dès 2009, le Festival Lumière. Extension non avouée (quoique perceptible) du Festival de Cannes - les deux festivités partageant cette ouverture et ce souhait d’embrasser les deux versants du cinéma, celui d’aujourd’hui et d’hier- le Festival Lumière est surtout aux yeux de son principal instigateur, un diplôme. Rien d’étonnant à voir Frémaux user de cette image enfantine et somme toute simple, lui qui par son parcours et sa personnalité a su démontrer qu’avec la renommée qui va de pair avec ses fonctions, il a su rester cet homme simple et proche du public. Et pour cause. Judoka averti à l’incroyable diction, immense passionné de cinéma et lyonnais pur souche, Frémaux respire la bonhomie et l’admiration, quitte à attirer une incroyable sympathie sur lui, pourtant véritable taulier dans le milieu.
Une réputation qui a forcément dû jouer dans la tenue de la première édition du Festival, en 2009, qui compte tenu de l’immense pari entrepris (Clint Eastwood en invité d’honneur)) n’était pas assuré de se voir reconduit. Mais cette crainte fût heureusement balayée, sitôt que la réelle motivation des festivités a vu le jour. En un mot : l’hommage. Lettre d’amour au cinéma, hommage incandescent aux figures majeures de cet art, le Festival a dès sa première année, donné le la et ainsi instauré nombre d’évènements aujourd’hui considérés comme obligatoires : la Cérémonie d’Ouverture et de Clôture qui se tiennent toutes deux à la Halle Tony Garnier, les Master Class, la Nuit Spéciale donnant à voir un chapelet de films sélectionnés en amont, mais surtout la Remise du Prix Lumière.
A la fois vocation et finalité de l’évènement, la Remise du Prix Lumière à un membre de la profession est un passage hautement mémorable et prompt à susciter l’émotion. Entre déclarations intimes, secrets de tournages ou pics de joie manifestes, la Remise du Prix Lumière est l’occasion pour Frémaux de donner la parole à la personnalité sacrée, comme ce fut le cas avec 
Pour autant, c’est à Gérard Depardieu, lui aussi sacré en 2011, qu’on doit la phrase la plus apte à retranscrire l’ambiance émanant de l’évènement : « je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi puissant ». L’occasion de se pencher sur une des spécificités propres au Festival, et apte à revendiquer cette puissance : son caractère public. Car oui, à l’inverse de Cannes, Venise ou Berlin, le Festival Lumière est un festival du peuple. Niché dans le pays lyonnais, terres beaucoup plus enclines à accueillir des cinéphiles, car débarrassé d’une logistique et d’une sécurité cannoise ahurissante, le Festival peut revendiquer pleinement son accessibilité qu’il n’a d’ailleurs jamais hésité à afficher jusque sur la devanture de l’évènement : l’affiche officielle, fièrement sertie de la mention : Un festival de cinéma pour tous.

