FEFFS 2014
Samouraï allemand, sang-froid scandinave et castors zombies.
Journée allégée aujourd’hui. Seul le programme du soir au cinéma Star Saint-Exupery s’avère intéressant. Le temps libre étant consacré à quelques lectures de dossiers de presse sur les films de ce soir, flemmarder et boire du café jusqu’à l’insomnie assurée. Cette soirée s’annonce particulièrement intéressante avec la présence d’un jeune réalisateur allemand qui a déjà pas mal fait parler de lui dans les récents festivals, d’un thriller scandinave qui suscite l’adhésion de tous et une séance attendue par tous les fans de zombies ET de castors. Festival, vends-moi du rêve ce soir !
Chers lecteurs, voici la quatrième chronique du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS) en exclusivité pour Cineseries-mag.fr
Der Samurai
Réalisé par Till Kleinert (2014). Date de sortie prochainement annoncée.
Jakob, jeune policier collet-monté, mène une vie terne dans l’Allemagne rurale. Un soir, il croise la route d’un travesti charismatique qui, armé d’un katana japonais, cultive un goût prononcé pour la décapitation. Jakob part alors à la recherche de ce samouraï fou, dans une course poursuite où s’installe une attirance réciproque.

A la fin de la projection, le public applaudit en masse le premier long-métrage de ce jeune réalisateur. Je reste sur ma réserve. Till Kleinert se présente sur scène et le question-réponse peut démarrer. Grosso modo, on apprend que le réalisateur s’est inspiré de la culture manga et surtout de la culture vidéoludique pour son film. Il cite avec plaisir le jeu Silent Hill bien qu’il pense s’y être inconsciemment inspiré. Ce n’est qu’à la fin du tournage qu’il a senti l’impact du titre sur son travail. Il évoque la composition musicale réalisée par un seul homme et qui a véritablement marqué les esprits par une ambiance électro du plus bel effet. Toujours autant de questions superficiels sont posées : « Comment vous-est venu l’idée du film ? » ou plus surprenant « Les plans de nuit ont-ils été tournés de nuit ? ». Un oui ferme de la part d’un réalisateur surpris. Question suivante ? Ne pensant qu’à mon travail de journaliste et à vous, chers lecteurs, je décide de poser une question à Till Kleinert : « J’ai remarqué que vous remerciez les ’’crowdfunders’’ lors du générique. Désormais les scénarios les plus audacieux, les plus osés et donc les plus risqués ne bénéficient d’un espoir de réalisation que par la générosité de donateurs du crowdfunding. Est-ce-que vous avez eu beaucoup de difficultés à concrétiser votre projet ? » Ce à quoi le réalisateur m’a répondu longuement et avec la plus fidèle sincérité que ce projet est avant tout un travail de fin d’études pour valider son diplôme. Il évoque les contraintes de production d’un tel film, cru et plutôt osé dans son approche. Les boîtes de production ne souhaitèrent le financer qu’à 75% du budget. Le reste étant apporté par les donateurs via le crowdfunding. Mais le réalisateur nous dévoile en fait qu’il s’agissait -pour la plupart- de membres de sa famille et de ses amis, ainsi que de ceux de son équipe de tournage. Peu de donateurs inconnus donc. Apprenant cela, j’ai décidé d’être plus tolérant avec ce réalisateur qui offre tout de même quelques beaux moments de cinéma pour quelqu’un qui souhaitait simplement valider son année. La boîte destinée au vote du public est de nouveau disposé aux sorties de la salle. Très bon, bon, moyen, mauvais ou très mauvais donc. Ça sera moyen mais intérieurement, c’est un moyen positif. Chapeau néanmoins pour ce premier long métrage, Monsieur Kleinert !
Note de la rédaction : ★★★☆☆
Refroidis
Réalisé par Hans Petter Moland (2014). Sortie le 24 septembre 2014.
Nils est informé par la police du décès de son fils par overdose d’héroïne. Mais, quand il apprend la vérité, ce placide conducteur de chasse-neige se mue en justicier et entreprend de supprimer méthodiquement tous ceux qui sont liés à la mort de son fils, provoquant ainsi une désopilante guerre entre trafiquants de drogue avec, d’un côté, un parrain serbe à l’ancienne et, de l’autre, « le Comte », dandy paranoïaque et bébête.

Note de la rédaction : ★★★★☆
Zombeavers
Réalisé par Jordan Rubin (2013). Date de sortie prochainement annoncée.
Trois étudiantes sexy partent pour un weekend entre filles dans la classique hutte isolée au fond des bois. Tout baigne au soleil mais, au milieu du lac, il y a un drôle de barrage de castors, d’où suinte une substance vert-pomme. Cette décharge toxique a engendré une fièvre ravageuse… les timides rongeurs renaissent en stratèges carnivores : les ZOMBEAVERS. Les petits amis hypersexués des filles finissent par arriver pour un grand final gore à la nuit des casmorts vivants.

Zombeavers est simplement paresseux. Autant dans sa forme qui se rapproche davantage du court-métrage amateur que d’un long métrage avec de l’audace, que dans son fond, le récit n’étant que le théâtre d’une histoire d’infidélité, de sexe et de sexe again (du sexe soft, attention on reste en Amérique !) dans un seul but d’être la combinaison publicitaire idéale : Sujet idiot, gore et sexe. Bingo ! Les scénaristes (oui ils ont été trois à l’écrire) s’inspirent d’anciens films d’attaques animalières, et ne proposent qu’une ressasse de tous les clichés du genre. Pas étonnant quand on sait que les scénaristes sont les frangins Kaplan, à l’origine de tous les mauvais films que sont Piranhaconda ou bien Dinocroc vs. Supergator. On saluera le parti-pris d’avoir mis en scène des marionnettes de castors (durant tout le film, pas un seul vrai castor n’a dû être utilisé) qui donne un côté old school sympathique et relativement nostalgique au film. Qu’à cela ne tienne, Zombeavers loupe complètement le coche et la bande-annonce se suffisait à elle-seule, bien plus efficace pour nous faire prendre conscience du délire qu’est le croisement entre zombies et castors. Un tel sujet n’aurait dû trouver sa place que sur YouTube. Le format long annule tout simplement l’effet mouche comique et le potentiel décalé d’un film qui ne cherche jamais à se démarquer d’un schéma ressassé depuis les années 80 et qui déjà ne nous faisait pas marrer. A ne voir qu’à plusieurs et uniquement en séance de minuit (et encore) ou bien vous risquerez de fort regretter ces quatre-vingt-dix minutes d’arnaque total. Ou mieux, passez-vous la bande-annonce de Zombeavers avant de regarder Black Sheep, bien plus efficace dans le genre.
Note de la rédaction : ★☆☆☆☆
Cette journée sans excès s’achève malgré tout dans la bonne humeur. Des applaudissements tonitruants se font résonner à l’extérieur du cinéma et on croirait presque que les gens ont aimé le film. La nuit est toujours aussi belle sur Strasbourg. Au programme demain, des chiens télépathiques et un désir de célébrité fantasmée jusqu’à l’horreur vont s’affronter dans la compétition internationale tandis que la séance de minuit nous présentera un sous genre du slasher que l’on peut déjà nommer le « Slash Dance ». A demain, les monstres !



