Les rouages de l’industrie du cinéma américain semblent à bout de souffle. Des blockbusters dépassés par des films indépendants au box-office, des suites de franchises désertées par le public… Un été meurtrier pour les studios d’Hollywood.
Avec des blockbusters comme Transformers 5, Pirates des Caraïbes 5, La Planète des Singes 3 ou Les Gardiens de la Galaxie 2, c’était encore un de ces étés plein de suites et de préquels qu’on voyait se dessiner. Il y avait de la concurrence, mais le gain devait être au rendez-vous. Il n’en fut rien. Car pour les producteurs de blockbusters, c’est tout un tout autre été qui vint se profiler. Les spectateurs ont déserté les salles. En tout, une perte de 2,5 milliards de dollars fut enregistrée.
On pourrait expliquer à cette perte, une lassitude d’un public pour les suites de blockbusters. L’argument fut employé pour justifier la dégringolade de Transformers 5 au box-office. Il y a une part de vrai. Les envies des spectateurs ont changé ces dernières années. C’est ce qu’on put voir avec des films indépendants comme Les Proies ou Split, qui vinrent se hisser au-dessus des blockbusters dans le box-office. Mais les suites de franchises ne sont pas en cause. Si Pirates des Caraïbes déçut en termes d’audience rapport à ses attentes, et que Transformers se prit une claque historique, on ne saurait généraliser. Les Gardiens de la Galaxie 2 fut un succès retentissant, et côté frisson, le préquel d’Annabelle s’impose comme le film le plus rentable de l’année. Non, ce qui a fait vraiment tourner le dos des spectateurs aux salles, c’est l’incapacité des films événements à tenir leurs promesses.
Car combien de blockbusters ont tenu les spectateurs en haleine par leurs simples promesses ? Que ce soit un Ghost in the Shell moribond, un Valerian décevant ou un Suicide Squad affligeant, il s’agit de films vendus uniquement sur un teaser. Une promesse, donc. Et si cela a suffi à certains comme Suicide Squad, pour amener les spectateurs, combien de temps encore ? Car le public ressort presque unanimement déçu. Comme si, à force de vouloir contenter absolument le spectateur, on le surchargeait de ce qu’il aime, à coup de super-héros, de science-fiction, etc. Les blockbusters en sont arrivés à ne plus saisir les réelles attentes de ce qui fait pourtant leurs bénéfices : les spectateurs. Et il serait temps pour ces nababs d’Hollywood de se poser des questions, car le public s’en va, et n’a pas attendu l’été 2017 pour pousser un soupir.
La vérité, c’est que depuis plusieurs années un autre marché vient faire concurrence à la salle : celui de la VOD. C’est une évolution conséquente dans la consommation des films. Évolution, que le public ressent comme tel, puisque au lieu d’aller voir ce qu’on lui donne, il a le sentiment de trouver ce qu’il cherche. On voit d’ailleurs les grands pontes retourner leur veste, à l’heure où les succès les plus attendus se rentabilisent à peine. En effet, les intentions de Disney se précisent du côté de la VOD, tandis que la firme gargantuesque signe (avec fracas ?), son divorce avec Netflix. Une façon de prendre ses marques sur un marché ouvrant, la VOD, que Disney compte bien conquérir d’ici les prochaines années.
Ainsi, si cet été ressemble de près à cette prédiction de Spielberg comme quoi nous verrions bientôt la fin des blockbusters, il semble que cette fin, loin d’être l’apocalypse annoncée, soit synonyme de renouvellement. Vers, peut-être, une ère de la VOD ? Toutefois, les blockbusters faisant encore recette, on peut supposer que ces belles paroles resteront. Du moins, pour les années prochaines…
Pour aller plus loin, un article publié sur le site Slate explique pourquoi les studios d’Hollywood enchainent les ratés avec des blockbusters qui se ressemblent tous.