Dernier volet de la trilogie de l’Amour de Philippe Garrel, L’Amant d’un Jour est sans conteste l’apogée d’un cinéaste qui a su représenter et magnifier les relations.
Synopsis : C’est l’histoire d’un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu’elle vient d’être quittée, et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et vit avec lui.
Tout juste le Festival de Cannes vient de s’achever que L’Amant d’un Jour débarque dans les salles, fort de son succès d’estime et de son prix distingué par le label SACD à la Quinzaine des Réalisateurs. Le dernier film de Philippe Garrel suit à nouveau les pérégrinations d’un couple dans une nouvelle et cohérente représentation des affres de l’amour. Initiée en 2013 avec La Jalousie et poursuivie par L’Ombre des femmes, la trilogie des tourments amoureux de Philippe Garrel a la particularité d’être filmée en noir et blanc. De l’aveu-même du cinéaste, il s’agit d’une question de budget mais c’est également une manière d’ancrer ses récits universels dans un espace qui devient par conséquence intemporel. Avec Emmanuel Mouret, Philippe Garrel est l’un des cinéastes français qui a su le mieux se distinguer pour évoquer l’amour dans ce qu’il a de plus charnel et destructeur.La mise en scène épurée permet de traiter avec la justesse nécessaire ces maux qui tourmentent le cœur des personnages. Comment ne pas s’identifier à Esther Garrel qui vient de subir la première rupture amoureuse de sa vie ? Comment ne pas sourire de malice face au regard passionné de Louise Chevillotte ? Comment ne pas ressentir la même colère qu’Eric Caravaca ? Tout ceci participe à nous ancrer dans un récit dont la forme minimaliste permet de se concentrer avant tout sur la représentation des situations et l’écriture des dialogues. Mais si dispositif réduit il y a, il ne faut en aucun cas enlever au directeur de la photographie Renato Berta la maîtrise de son travail esthétique, notamment sur les courants de lumières et les cadres. Par ailleurs, il n’y a bien que chez Garrel où l’on filme aussi bien les balades à deux dans les rues de Paris, ponctuées des dialogues les plus importants comme si l’extérieur était le meilleur endroit pour oser se dire les choses. La vérité est à l’extérieur alors que les lieux clos sont synonymes de tromperie et de mensonge. La voix-off apporte un regard externe qui participe incontestablement à la réussite du film, comme s’il s’agissait d’un conte universel que l’on pourrait raconter aux amoureux d’aujourd’hui. L’amour blesse, mais la vie continue et des blessures, il y en aura d’autres.

Philippe Garrel l’a confirmé, L’Amant d’un jour est la conclusion de la trilogie qu’il avait démarrée avec La Jalousie et poursuivie avec L’Ombre des Femmes. Il en a aussi fini avec le noir et blanc. Philippe Garrel a atteint l’apogée de son art avec ces mêmes outils récurrents, il n’y a bien qu’une remise en question et un renouvellement de son cinéma qui pourront le rendre encore plus fort. Mais pour l’instant, L’Amant d’un Jour est sans doute l’un des plus beaux drame que l’on verra cette année.
L’Amant d’un Jour : Bande annonce
L’Amant d’un Jour : Fiche Technique
Réalisation : Philippe Garrel
Scénario : Philippe Garrel, Jean-Claude Carrière , Caroline Deruas-Garrel, Arlette Langmann
Interprétation : Eric Caravaca, Esther Garrel, Louise Chevillotte
Photographie : Renato Berta
Montage : François Gédigier
Musique : Jean-Louis Aubert
Costume : Justine Pearce
Décors : Emmanuel de Chauvigny
Producteurs : Saïd Ben Saïd, Kevin Chneiweiss, Michel Merkt, Olivier Père
Sociétés de Production : ARTE France Cinéma, SBS Productions
Distributeur : SBS Productions
Budget : /
Festival et Récompenses : Prix SACD Quinzaine des Réalisateurs 2017
Genre : Drame
Durée : 76 minutes
Date de sortie : 31 mai 2017
France - 2017
[irp]